En novembre 2019, Bazar Bellamy sortait son premier album Jusqu’ici tout va bien, comme une fulgurance prémonitoire et ironique de l’avenir proche, dont les chansons ont trouvé un écho plutôt flatteur dans les médias et auprès du public. Quelques mois plus tard, tout a changé. Après deux ans de crise sanitaire et démocratique, pendant lesquels la population semble passée de la solidarité à la résignation, comment comprendre nos rapports entre humains et notre propre existence ?
Loin de vouloir dresser un constat philosophique, Monsieur Georges nous fait entrer dans le particulier comme dans des moments de vie universels. Le second album Trompe la mort, à venir fin 2022, se compose de dix histoires, qui peuvent s’appréhender comme des courts-métrages tant l’écriture est visuelle, et sa musique en est un parfait habillage. Avec la tension mordante du proéminent clavier d’Irwin Gomez, le punch marqué de Jean-Louis Bire, et les guitares qui cisaillent de Monsieur Georges (qui joue aussi la basse), on se sent pris dans la tourmente et les envolées torturées, pour atteindre des sommets de puissance émotionnelle. Et de nous entraîner dans les aventures de ces personnages du quotidien, de l’intime, du passé. Tout en tentant, avec un profond désir de transmission, de projeter la nouvelle génération dans un futur proche plus serein, délesté des fardeaux de notre société usante, pour nous comme pour la nature.
Pour tromper la mort, Monsieur Georges avance, toujours résolu, jamais résigné, selon l’adage de son père, qui le pousse à créer, du mieux possible. Tromper la mort est l’image de l’optimisme de l’auteur interprète de Bazar Bellamy. Avec crudité parfois (« Touche Touche », « Les horaires de bureau », ) avec tendresse souvent (« Elle attend », « Cours lentement », « Sixteen »), avec vigueur (« Toujours Résolu », « No pain, no gain » écrite avec l’auteur Luc Tallieu) et honnêteté (« L’happeur », « Cavale »), Monsieur Georges, tel un anti-Bel-Ami moderne, Georges Duroy étant lui-même l’anti-Maupassant, pose avec finesse ses mots pour parler de la vie, de l’amour, de la famille... Avec Dimoné au texte de « Les Torrents d’altitude », le constat du quadra s’écrit avec poésie. Au mitan de la vie, on propose à son jeune fils de « Courir lentement » (coécrite avec Matthieu Miegeville), face à de sombres sentiments de solitude, pour atteindre son but et passer le cap de la tragédie de notre situation.
Sur un texte de Dimoné, la chanson « Les Torrents d’altitude » évoque le bilan à mi parcours de vie, d’un quadra/quinqua, sous la métaphore d’un saumon qui remonte la rivière jusqu’à sa source dans les eaux pure des torrents d’altitude. Au passage, les thèmes du réchauffement climatique et de l’immobilisme politique sont abordés.
L'album TROMPE LA MORT sortira en novembre 2022
Crédit Photo : Gabbie Burns
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